Conférence de Presse TOWA 12/12/2018, Parlement européen de Strasbourg
Intervention de Marc TARABELLA
Dans une optique de garantie de la santé publique, et bien que la consommation d’alcool doive être modérée, avec la communauté scientifique TOWA « nous nous inquiétons devant l’indifférence actuelle de la Commission européenne face aux maladies chroniques qui explosent ». (citation communiqué de presse)
Le vin, en tant que produit représentant le patrimoine européen, la France et l’Italie étant les premiers producteurs de vin au monde, dont le premier secteur agricole français en valeur, se doit d’être exemplaire en portant ses composés à la connaissance des consommateurs. L’étiquetage vin doit être une démarche protectrice au même titre que pour les aliments, de surcroît sur un marché qui prône « un mode de production qui allie les pratiques environnementales optimales, le respect de la biodiversité, la préservation des ressources naturelles » pour reprendre la définition d’agriculture biologique » de l’Institut national de l’origine et de la qualité.
Selon les médecins, qui ont participé à l’élaboration de ce projet, Luc LONLAS (médecin généraliste exerçant sise 8 Rue Denfert Rochereau à Rochefort sur Mer (17), spécialisation sur les toxiques) et Jean-François HARLET (Stomatologue exerçant à l’hôpital de Rochefort-sur-Mer), membres de l’association Veille Santé Environnement 17) :
« Le vin doit pouvoir suivre les progrès de la compréhension toxicologique et médicale.
L’ensemble des substances ajoutées aux produits naturels dans l’élaboration du vin ne devrait pas se soustraire à l’obligation protectrice. La toxicologie moderne nous enseigne que ce n’est plus la dose qui fait le poison. Le mécanisme d’action des perturbateurs endocriniens, les modifications de l’exposome (concept correspondant à la totalité des expositions à des facteurs environnementaux, autrement dit des facteurs « non génétiques ») et de l’épigénétique, contraignent à prendre en compte divers paramètres :
- La période d’exposition au toxique dans la vie,
- La durée de l’exposition,
- La rencontre d’un mélange de différentes molécules pouvant, à des doses encore plus faibles, établir un effet cocktail et donc pathologiquement augmenté,
- Les effets transgénérationnels qui font qu’une pathologie contractée à cause d’un polluant par un parent, va se transmettre à sa descendance, pour 3 générations et plus. Même si les descendants n’ont jamais été mis en contact avec ce polluant et qu’il est absent, donc indétectable, dans leur organisme (effet bien démontré avec le dystilbène, cancer du vagin pour les petites et arrières petites filles et anomalie génitale pour les garçons)
La seule communication et information sur l’effet allergisant pour certains composants est bien insuffisante comme démarche protectrice de santé publique vu le polymorphisme physico-chimique des substances autorisées et utilisées. »
Pour ne prendre que ce seul exemple, en 2013, la Chine a refusé l’importation de Cognac, en cause des doses de phtalates supérieures à leurs normes. A propos des effets des phtalates, André CICOLELLA nous explique que « c’est un des facteurs de la baisse de la qualité du sperme. Le DEHP (Di-2-ethylhexyl phthalate) supprime le pic de testostérone et le cocktail des phtalates induit une féminisation des garçons (diminution de la distance ano-génitale), sans compter l’effet cocktail plus large auquel les phtalates participent ».
L’absence de pesticides chimiques de synthèse pendant la culture du raisin est une chose, mais la présence d’intrants, ainsi que les techniques de vinification, sont également à prendre en compte. C’est pourquoi, une réflexion et une réglementation sur les limites maximales autorisées de résidus (LMR) contenus dans le vin sont souhaitables, afin de correspondre aux exigences du règlement d’exécution (UE) No 203/2012 DE LA COMMISSION du 8 mars 2012 modifiant le règlement (CE) no 889/2008 portant modalités d’application du règlement (CE) no 834/2007 du Conseil en ce qui concerne le vin biologique. La règlementation biologique doit être l’exemple pour l’ensemble de la filière vin, et la filière vin doit l’être pour les spiritueux.
Cette demande d’analyses résidus et de LMR est notamment soutenue par Gilles-Eric SERALINI co-directeur du Pôle Risques, Qualité et Environnement Durable de la MRSH, Université de Caen et CNRS - qui n’a pas pu, non plus, être présent ce jour – mais a tenu à indiquer que :
« Aujourd’hui, ce sont les LMR du raisin de table qui s’appliquent, mais trop peu de contrôles sont réalisés sur le produit fini. Les vins biologiques n’utilisant pas de pesticides chimiques de synthèse ou peu de sulfites ajoutés mériteraient encore de ne pas subir de distorsion de concurrence, et bénéficieraient de la transparence ».